Il y a quarante ans, dans le cadre de mon travail étudiant à l’hôpital, j’ai souvent assisté à des scènes où c’est l’humanité et le courage du médecin qui faisaient la loi.

Un soir, suite à un accident, un jeune homme entre aux soins intensifs avec une fracture du tronc cérébral. L’oedème a commencé et si on traite celui-ci, au mieux notre jeune homme sera quadriplégique. La famille discute avec le neurochirurgien à la porte des soins intensifs. Ni la mère, ni le père, ni la sœur infirmière ne souhaitent que notre jeune, par ailleurs suicidaire, n’en réchappe.

Le  neurochirurgien entre dans la salle des soins intensifs et note au dossier « pas de manœuvre en cas d’arrêt ». Il se dirige vers le lit du patient, débranche le respirateur constate une respiration et quitte rapidement après avoir noté sans se retourner « patient débranché, respire seul ».

Qui voudrait qu’on n’encadre pas l’assistance médicale à mourir; l’euthanasie active ou passive, puisqu’il faut appeler les choses par leur nom.

La vérité, c’est tout de même que l’euthanasie se pratique effectivement sans cadre légal depuis bien longtemps, dans une clandestinité qui doit cesser et qui n’est pas saine.

Que dire de certains soins dits « de confort » où tout un chacun sait qu’à la troisième ou quatrième dose, tout sera terminé.

Là, c’est une hypocrisie carrément dangereuse. Nous ne sommes pas des autruches.

Les choses apparaissent toutefois beaucoup plus claires lorsqu’il s’agit de l’aide médicale à mourir et de soins de fin de vie.

Quand le patient lui-même réclame l’assistance du médecin, il faut faire face avec un courage sociétal à l’égal de celui du patient, et rapidement enlever le fardeau de la clandestinité aux médecins. Il faut reconnaitre le droit fondamental de tout être humain de choisir de mourir dans la dignité, avec le moins de souffrance possible, quand l’issue fatale est proche.