Un jour, quelqu’un enlèvera peut-être une petite pierre à la pyramide de vos certitudes et tout se mettra à trembler. La vitrine à travers laquelle vous regardiez le monde se fracassera et votre corps tout entier humera un vent inconnu qui aurait pourtant toujours été là. Ce sera comme une fin du monde et rien ne sera plus jamais pareil même si tout semblera curieusement si semblable et plus clair à l’extérieur, mis à part tout ce verre et toutes ces pierres sous vos pieds. Vous viendrez juste de rencontrer le mensonge fondamental.

L’impression sera troublante, assez pour que vous soyez confus, angoissé. Vous ressentirez peut-être une indicible solitude.

Au début, vous marcherez à tâtons en cherchant à ne pas perdre équilibre entre les restes de vos rêves déçus et de vos certitudes devenues illusions. Vous maudirez le temps et les gens, mais vous saurez que, morceau par morceau, vous devrez bien reconstruire votre manière d’être au monde et que vous devrez le faire seul. Vous ne vous serez probablement jamais senti aussi seul, pas de cette solitude en tout cas.

Il n’y aura pas de plan. La reconstruction sera une oeuvre, une création. Ce sera mieux ou pire, mais ce sera souffrant, car souffrir une mort de soi et renaître n’est pas facile, et grandir est aussi difficile.

Je ne connais pas d’être qui aurait acquis de la profondeur sans quête de sens et sans un peu de cette souffrance.

Ainsi, ayant appris aussi profondément que la vérité blesse parfois, mais que le mensonge tue toujours quelque chose, on sort curieusement de ces crises avec des certitudes renouvelées, peu nombreuses et plus fondamentales.

L’une d’elles est un lieu commun de la philosophie, du vivre ensemble et de la bonne vie.

Elle est simple.

« La vérité n’est pas le bout du chemin, c’est le chemin lui-même! » (André Comte-Sponville)