En regardant les photos de cette petite ville de l’Estrie, on se dit qu’on aurait bien aimé la connaitre, et même y vivre, tellement c’était beau, mais c’est tellement loin Lac-Mégantic aujourd’hui !

Quand j’entends la fierté et le courage, la détermination aussi, côtoyer tant de blessures et de deuils sur fond de désolation si peu commune, je me dis que Montréal est tellement près de Lac-Mégantic !

Quand je pense à l’enchainement des causes obscures comme à l’enchainement des wagons, noirs à l’intérieur comme à l’extérieur, je ne peux m’empêcher de penser que ce sont des rails bien tordus qui ont amené cette cargaison d’horreur au café où il semblait si naturel de célébrer la vie.

Quand j’entends ces voix brisées décrier la voie ferrée, je pense que, pour une bonne part, les rails n’étaient pas faits de métal, mais de bêtise pour l’un, et de cupidité pour l’autre.

Quand je pense à la pente par laquelle tout arriverait, je crois que la pente glissante serait de ne pas crier très fort ce principe pourtant simple des Lumières que « la liberté des uns s’arrête où celle des autres commence », car ce qui surprend le plus ce n’est pas le risque de catastrophe, c’est le silence institutionnel devant l’évidence d’un calcul de risques dément  fait par des gens qui espèrent des profits en risquant la vie des autres.

Gilles Vachon, psychologue

juillet 2013