Vous faites peut-être partie de ceux qui appréhendent les querelles pendant les réunions familiales du temps des Fêtes ?
Vous désespérez peut-être en vous disant que ces affrontements laissent des blessures souvent profondes qui divisent et séparent alors qu’il s’agissait de fêter l’amour qui nous unit ?
Vous aimeriez COMPRENDRE ce paradoxe ?
Vous voudriez ÉVITER ces dérapages ?
Vous voudriez savoir comment y ÉCHAPPER s’ils se produisent ?
COMPRENDRE (Se préparer):
Le paradoxe s’explique peut-être plus facilement qu’il n’y parait, car c’est justement dans le caractère « spécial », voire « extra – ordinaire » de l’évènement qu’il faut chercher.
- C’est justement la persistance, voire la permanence et la quotidienneté des relations familiales qui nous auront enjoint de mettre de côté les tensions, de passer par-dessus, etc. pour le plus grand bien collectif et individuel. Il faut en effet se rappeler que les relations avec la famille ont été basées sur la fonction et dans le temps plus que sur le plaisir ponctuel.
- Conséquemment, on a beau avoir des relations familiales importantes et de longues dates avec les membres de sa famille, ce n’est justement pas eux qu’on a le plus souvent et spontanément choisis pour des soirées de plaisir en dehors de la quotidienneté. On a donc à la fois moins d’expérience et moins de dispositions naturelles ou spontanées au plaisir avec sa propre famille. Ce n’est ni bien ni mal, c’est comme ça.
- Plus justement encore, même si on aura souvent accumulé plus de souvenirs agréables avec sa famille, on aura aussi accumulé plus de souvenirs de moments difficiles ou de conflits. Le contexte « extra – ordinaire » des Fêtes de famille fait disparaitre les balises de maintien de la quotidienneté qui agissent normalement comme garde-fou efficace, spécialement dans les courbes dangereuses.
- Les facteurs accélérants :
- L’alcool, si lié culturellement à ces fêtes, agit sur le cortex frontal qui est très impliqué dans la maîtrise de soi, le comportement en société, le raisonnement et la résolution de problèmes. C’est un désinhibiteur qui augmentera l’impulsivité et amoindrira les filtres :
- Chaque sujet risque donc de laisser paraitre plus des caractéristiques caustiques qu’il garde normalement plus facilement sous contrôle.
- Chaque sujet réagit plus vivement ou spontanément à ce qui le trouble de longue date chez un ou des proches.
- Les moments délicats :
- La crise d’adolescence ou toute contestation de l’autorité parentale en cours ;
- Un divorce qui s’annonce ou toute tendance des membres d’un couple à prendre à témoin les participants des difficultés du couple;
- Un conflit récent et important entre des participants et pour lequel il n’y a toujours pas de résolution réelle;
- Un membre décide de l’occasion pour faire une révélation.
- L’alcool, si lié culturellement à ces fêtes, agit sur le cortex frontal qui est très impliqué dans la maîtrise de soi, le comportement en société, le raisonnement et la résolution de problèmes. C’est un désinhibiteur qui augmentera l’impulsivité et amoindrira les filtres :
ÉVITER (La prévention) :
Il y avait certainement un peu de sagesse dans cette position populaire voulant qu’on ne parle pas de politique ou de religion dans les réunions de famille !
Si on reconnait cette sagesse, n’y aurait-il pas lieu de se la rappeler et, pourquoi pas, de faire mieux ?
Communiquez à vos invités une liste de sujets à éviter pour garantir le côté festif de la soirée en évitant les sujets « émotifs » sur lesquels on ne pourrait que s’opposer sans aucune chance de faire avancer la discussion.
Par exemple, si nous savons qu’un sujet d’actualité divise certains membres de la famille, nommez carrément le fait en décrétant que le sujet est à l’index.
Mieux, demandez à vos invités de vous communiquer des suggestions de sujets à mettre à l’index, mais aussi d’activités de groupe comme le karaoké où chacun devrait choisir la ou les chansons pour lesquelles il voudrait performer ou voir un autre participant performer.
Le principe est simple, plus on est prévenu, moins on se laisse surprendre, et plus on participe à une préparation plus on adhère au déroulement.
Partager le présent texte avec vos invités pourrait aussi être une bonne idée pour crédibiliser votre démarche et augmenter l’adhésion.
ÉCHAPPER (Intervenir) :
Quand on comprend comment une chose désagréable peut se produire malgré notre volonté, et qu’on n’a pas su l’éviter, il reste à déployer une stratégie d’échappement qui serait connue de tous.
L’idée est très simple. Intervenir dans la situation qui nous préoccupe ici, risque de contribuer au problème si un minimum de règles ne sont pas claires. En effet, quand la situation est tendue et très émotive, les personnes qui tentent de reprendre le contrôle sont souvent aspirées dans le problème.
Encore une fois, la conscience qu’un problème peut survenir (Comprendre) débouche sur la prévention (Éviter), mais un plan digne de ce nom devrait comprendre des mesures d’urgence en cas d’accident.
Rien de tel que de pratiquer les mesures d’urgence et de nommer un responsable de ce plan d’urgence comme on le ferait pour un conducteur désigné.
Ce pourrait être la première activité de la soirée que de voter pour un arbitre à qui on remettrait un sifflet qu’il utilisera pour mettre en punition, comme dans la ligue nationale d’improvisation, tout participant pour quelques raisons que ce soit (trop parler, trop mal chanter, trop manger, blague qui tombe à plat, etc.) On pourra condamner à deux minutes de silence ou, au contraire à raconter une histoire pour cause de trop faible participation.
L’air de rien, le simple jeu de participer au vote relatif à la fonction d‘arbitre en confirmera le rôle et l’autorité. Attendez-vous quand même à ce qu’il y ait de la pression pour que vous, l’hôte, assumiez ce rôle.
Finalement, les plus perspicaces l’auront compris, même si vous deviez ne rien faire d’autre, le simple fait de partager le présent texte avec vos invités avant la fête pourrait être un bon départ. On aurait ainsi déjà couvert a) comprendre b) fait un peu de prévention et qui sait, ce serait peut-être déjà là c) une bonne intervention.
(Le principe: Nommer l’appréhendé sans confronter)
Gilles Vachon, M.Ed., M.A.Ps., psychologue
C’est trop vrai tout ça! Et pour ces mêmes raisons on appréhende toutes les rencontres voire chaque silence de peur que le sujet maudit refasse surface! Finalement, on finit par faire nos devoirs avec tellement de réserve ou de craintes que peu de plaisirs émanent de ces rencontres. Il ne suffit que d’une situation… Avec une seule personne… Et tout est gâché. Belle réflexion et bon conseil! Mais en bout de course, est-ce que de faire semblant vaut réellement la peine? La vie est si courte.
Merci énormément Gilles, ça fait du bien d’avoir ces outils